La guerre dans l’Est de la République prend de plus en plus l’allure de l’invasion russe en Ukraine en terme de communication, depuis la recrudescence des attaques du M23 dans cette partie du pays, où ceux qui détiennent les informations, les journalistes à l’instar, sont souvent inquiétés de part et d’autres des belligérants.
La population à la fois victime d’atrocités terroristes et d’accès aux vraies informations, se laisse souvent à la merci de tout ce qui entre et qui sort. Cette situation crée par conséquent des confusions au sein de la population, divisée selon les positionnements des leaders d’opinions et figures politiques influentes, et qui donnent naissance parfois à des attitudes d’indifférence des uns pour les autres.
La guerre demeurant dans tous ses états, les appels au soutien aux forces loyales, à la prudence et l’abstention des manifestations populaires restent l’unique forme de dissuasion, dont se servent les autorités congolaises pour contourner les manœuvres de l’ennemi.
Le dernier en date, le message du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Lieutenant-Général Constant Ndima Kongba, lu ce lundi 31 octobre par son Porte-parole, le Général-Major Sylvain Ekenge Bomusa, qui reste « convaincu que c’est dans l’unité que nous devons faire face à l’agression dont notre pays est victime ».
Le Gouverneur de province demande à la population d’éviter des conflits intercommunautaires inutiles qui ne profiteront qu’à l’ennemi. En plus, il invite la société civile et les mouvements citoyens à s’abstenir d’organiser des manifestations populaires susceptibles de favoriser l’infiltration de l’ennemi.
a-t-il fait savoir.
Pendant ce temps, des gestes de soutien aux FARDC se font manifester du côté de la population, en dépit même des échecs encaissés, et l’impression illusoire que certaines images montrent sur les réseaux sociaux, où les éléments des forces de défense se prennent des selfies en plein champ de bataille, se déclarant déficitaire en terme de munition, d’où incapables de vaincre l’ennemi, alors que la révélation du gouvernement par rapport à leur prise en charge fait état de plus de 100 millions de dollars américains, rien que pour le mois d’octobre.
Ces déclarations controversées laissent souvent certains compatriotes à critiquer la politique sécuritaire de la RDC, qui est aussi remise en cause par le gouvernement rwandais et défiée sur le terrain par le mouvement terroriste opérant dans l’Est du pays.
Quid des forces auxiliaires ?
Si le bilan des opérations militaires conjointes entre les Forces Armées de la RDC et l’armée ougandaise (FARDC-UPDF) est mitigé dans le grand Kivu et le sud de l’Ituri, la présence de la MONUSCO aux côtés de l’armée congolaise est toujours l’objet de contestation tant de la population que du gouvernement congolais, qui, en août 2022, a saisi la représentante du SG des Nations-Unies en RDC, Bintou Keyta, pour la tenue des travaux de réévaluation du retrait des forces onusiennes en République Démocratique du Congo, ceci, en raison de l’échec de sa mission au pays depuis plus de 20ans.
L’incapacité « criante et décriée » de la MONUSCO à maintenir la paix dans l’Est de la RDC n’est pas à démontrer tant à l’intérieur du pays que sur la scène internationale.
Déjà au mois d’août, l’ancien Porte-parole de la MONUSCO, Mathias Gillmann, a affirmé que les terroristes du M23 disposent d’armes plus sophistiquées que ce qu’ils avaient il y a quelques mois, bien plus que ce que disposent les autres groupes armés en général, et même plus que la MONUSCO et les FARDC.
Les propos que le SG des Nations-Unies, Antonio Guterres, a confirmés au cours d’une interview accordée à la RFI un certain 18 septembre, affirmant comme Mathias Gillmann, que le M23 est mieux équipé que la MONUSCO, sans citer directement ses sources d’approvisionnement.
Le M23 a été comme vous le savez, la raison de ces dernières manifestations. Le fait que les Nations-unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la MONUSCO.
Ces affirmations sur la capacité de frappe du mouvement terroriste à l’encontre des forces loyales n’a fait qu’accroître des mouvements de manifestations contre la mission onusienne de maintien de paix en RDC.
Alors que des tires et le déplacements massifs de la population s’intensifient dans la province du Nord-Kivu, et actuellement dans le centre du territoire de Rutshuru et les villages environnants notamment Kiwandja et Rumangabo occupés par le M23 la semaine dernière, des pics de mots entre Kinshasa et Kigali, ainsi que la neutralité hypocrite et belliciste de la communauté internationale, redoutent d’une fin imminente du conflit entre les deux pays.