« Trop c’est trop ! », s’exclament les boyomais stupéfaits ce mardi 28 mars 2023, en particulier ceux habitant les environs de la résidence Équateur dans la commune Makiso. A quelques mètres de là, sont situés les locaux de la RTNC/Tshopo. Sur place, la population a assisté à un drame en plein jour : des bandits à mains armées ont pris la vie d’un militaire commis à la garde à la chaîne nationale, laissant son collègue, lui aussi touché par balles, entre la vie et la mort.
Il est midi, sous un soleil ardent, lors que l’on entend des coups de balles. Gagnés par la panique, les habitants de différents quartiers entourant la RTNC sont dehors. Sur l’avenue où se déroulent les faits, c’est la psychose totale. Une psychose qui va finir par gagner du terrain. En effet, une chambre froide non loin de la chaîne nationale vient d’être attaquée par des bandits à mains armées.
Ils sont au total cinq (5), ces malfrats qui pris d’assaut la chambre froide, pour braquer, comme dans leur habitude depuis quelques mois à Kisangani.
Ils sont venus cinq, deux sont entrés et avaient des armes. Ils nous ont obligé de donner tous nos téléphones et l’argent qu’on avait en tirant deux balles en l’air. Ils nous ont fouillé. L’un est allé vers là où on comptait l’agent de la chambre froide et a tout pris. C’est quand nous avons écouté d’autres balles dehors que nous avons vu les deux ici répliquer et nous laisser. On venait donc de tiré sur deux militaires qui voulaient venir intervenir.
nous témoigne une dame cliente de la chambre froide.
Ces inciviques, ayant fini leur opération dans la chambre froide, quittaient le lieu à la vitesse de l’éclair pour s’enfuir. Sur leur chemin se sont dressés deux militaires commis à la garde de la RTNC, qui n’avaient pas d’autre choix que d’intervenir : début de l’affrontement ! Les deux agents de l’ordre sont touchés par balles, l’un meurt sur le champ, l’autre est vite conduit à l’hôpital de la RTNC à quelques mètres du lieu du drame, puis acheminé aux Cliniques universitaires. Choqués par les événements, les petits commerces voisins ont fermé, toutes les activités sont paralysées.
Ce sont des bandits, des voleurs. Lorsque nous avons entendu des coups, nous nous sommes tous enfermés dans le magasin, et même tous nos voisins. Des coups des balles ont continué, quelques minutes après nous sommes sortis et nous avons vu deux militaires par terre.
nous dit Trésor Baruani, un jeune qui travaille dans un magasin à côté.
Sur des motos, ces bandits se sont volatilisés. Mais ils n’ont pas tous été dans leur jour de chance. En effet, l’un d’eux qui étaient derrière dans la course a été rattrapé au niveau du bureau de l’OCC, près que sa moto ait connu une panne devant la vigilance d’un policier à la garde à l’OCC, qui a tiré sur lui. En colère, la population qui était alerté de la poursuite a lapidé ce bandit jusqu’à lui ôter la vie.
Je viens de là. Même si ce policier ne tirait pas sur lui, il serait seulement rattrapé par la population. Il n’était pas en mesure d’aller aussi vite que ses amis […] par moments c’est bien de voir la population se prendre en charge ainsi.
nous raconte un client de la banque TMB, rencontrée devant le bâtiment de cette banque qui est à près de 500 mètres de la RTNC.
Deux semaines après un coup de filet de la PNC… une courte joie ?
Il y a exactement deux semaines, le 16 mars dernier, le commissaire provincial de la police nationale congolaise (PNC), le commandant divisionnaire adjoint Sabiti Abdallah Patrick, présentait au vice-gouverneur de la Tshop, Paulin Lendongolia, 27 criminels accusés d’être à la base de l’insécurité dans la ville de Kisangani, poursuivis notamment pour vol à mains armées, association des malfaiteurs, extorsion, menace d’attentat.
L’arrestation puis la présentation de ces malfrats, parmi lesquels trois militaires, étaient faites à la grande joie et satisfaction d’une grande partie de la population boyomaise. Mais seulement, en dépit de ce coup de filet de la PNC, rien ne semble changer, deux semaines plus tard. L’insécurité semble loin, alors très loin, de dire son dernier mot dans la ville de Kisangani.
Ces bandits arrêtés ont-ils été relâchés ? Ces arrestations n’étaient qu’une mascarade ? Une main noire derrière la situation sécuritaire de la ville ? Au sein de la population, ces questions se posent depuis les événements malheureux de ce mardi, leurs réponses sont loin d’être trouvées. Décidément, rien n’est encore fait pour remettre définitivement le calme reconnu à cette ville !