4 décembre 2023
Ville de Kisangani, RD Congo
Sport

Kisangani : entre l’indifférence de la FENACOJU et la désorganisation de la ligue provinciale, l’amertume des judokas boyomais

Le judo fait partie aujourd’hui, des disciplines sportives presque placées dans les oubliettes en République démocratique du Congo. Aussi, quand il faut parler de ce sport au pays, très souvent seuls les athlètes de Kinshasa sont mis en avant par la Fédération nationale congolaise de judo (FENACOJU). Pourtant, des talents sont cachés dans des provinces, notamment dans la Tshopo, où depuis quelques années, les athlètes de Kisangani défendent valablement les couleurs nationales dans des compétitions internationales.

La ville de Kisangani regorge des judokas talentueux mais dont, pour la plupart, tout finit par partir en fumée, à cause d’une part du manque d’encadrement et de soutien, et d’autre part, de l’irrégularité des compétitions au niveau local, due au manque d’implication de la ligue provinciale de judo.

Toujours entrain de dénoncer cette situation tout en essayant de sauver l’image de leur discipline sportive, des boyomais qui œuvrent dans le domaine ont fait part à la rédaction de Kaba Lisolo de leur ras-le-bol, ce vendredi 27 mai 2022.

Maître Joël Kabuya, ceinture noire et aujourd’hui entraîneur, y est allé sans langue de bois :

La fédération nationale de judo n’appuie pas les judokas de la province, et les autorités du pays de leur côté n’ont un œil que sur le football. Au niveau provincial, la Ligue provinciale est gérée par des massacreurs. Il n’y a donc rien à espérer.

Joël Kabuya

a confié le médaillé d’argent de la Coupe du Congo 2013, remerciant au passage Jean Bamanisa, le Gouverneur de l’époque qui l’avait soutenu. Il déplore également le fait qu’aucun athlète de Kisangani n’est contacté pour la CAN de la spécialité qui se prépare, pourtant deux athlètes boyomais viennent de rafler des médailles au Judo East Africa, où ils étaient partis sans prise en charge des autorités.

De son côté, maître Bénit Kombele, ceinture noire, entraîneur et enseignant au Judo club Okapi de Kisangani, n’a pas non plus caché son amertume. Pour lui, le judo de Kisangani meurt, étant oublié par la FENACOJU.

Aujourd’hui à Kisangani, le judo n’existe plus sur le plan disciplinaire et sur le plan artistique. Je suis abasourdi face à l’irresponsabilité de la fédération congolaise de judo, qui était à Kisangani en 2010 pour quelques dispositions, mais dès lors, elle n’est plus revenue pour remplir ses responsabilités. Cette fédération ne facilite que les judokas de Kinshasa, en sacrifiant ceux des autres provinces.

Bénit Kombele

a déclaré le surnommé Master LH2, condamnant lui aussi l’indifférence de la FENACOJU à l’égard des athlètes des provinces.

Pour finir, maître Léon-Matthieu Kombele, éducateur sportif et ancien entraîneur à l’association Loisirs et Cultures section Judo à Dijon (France), ne dit ni pense le contraire de ses prédécesseurs.

Étant moi-même natif de la Tshopo, cela fait plus de 10 ans que je suis dans les sports dans la Tshopo, mais on n’a fait aucune évolution. (…) J’ai encadré et accompagné des jeunes judokas français durant plusieurs saisons aux interclubs, tournois régionaux et autres, l’implication de la fédération est immense et d’une grande importance. Nos jeunes de la Tshopo ne demandent pas un salaire, ils demandent simplement le divertissement dans les meilleurs conditions. (…) Plus de 10 ans, pas la moindre présence de la fédération dans certaines provinces, plus de 10 ans aucune évolution…

Premier partant à gauche, Léon-Mathhieu Kombele

à en croire ses propos qui ont suivi, le judo perd sa dignité et ses valeurs plus le temps passe, car le règne repose entre les mains de certaines personnes qui n’ont aucune habilité ni aucune notion morale pour ce sport.

Notons que ce n’est pas la première fois que ces judokas professionnels boyomais poussent un cri d’alarme quant à la situation que traverse cette discipline dans la Tshopo, mais n’ont jamais trouvé gain de cause.

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