15 mai 2024
Ville de Kisangani, RD Congo
Actualité Environnement

PRÉCOP 27 : RDC, le poumon mondial veut sortir du coma économique

La République démocratique du Congo en a assez de contempler ses ressources naturelles, qui la présentent aux yeux du monde comme étant et demeurant « pays solution » grâce à ses forêts, ses ressources pétrolières et gazières dans l’atténuation de la température planétaire et l’adaptation au changement climatique.

Du pays protecteur, contemplateur au bénéficiaire directe de ses potentiels forestiers et énergétiques, ce changement de revers de la politique environnementale du Congo, s’explique par l’épineuse question d’extrême pauvreté qui se caractérise notamment, selon les autorités congolaises, par le manque d’emploi d’une grande partie de la population.

La RDC se retrouve aussi au même diapason avec l’Indonésie et le Brésil dans la stratégie de revendiquer les droits de nos populations, pour avoir une position commune sur le prix de la tonne de carbone.

a expliqué Eve Bazaiba, Vice-Premier ministre en charge de l’environnement, annonçant la formation avec ces deux bassins mondiaux, d’un front commun des grands pays forestiers, afin d’avoir un cahier de charge commun lors des discussions sur le climat. Une initiative qui remettra la RDC au même niveau d’accès aux finances sur le climat pour la préservation de son couvert forestier, mais aussi de l’uniformité du prix avec ces pays, qui avaient déjà une longueur d’avance sur le Congo.

Autant nous avons besoin de l’oxygène, nous avons aussi besoin de pain

Avec un ton ferme, exprimé de manière directe, la ministre de l’environnement et développement durable, Eve Bazaiba a fait savoir que la RDC est prête à exploiter ses ressources naturelles, car selon elle, la protection de la forêt doit être liée au développement.

Désormais, en RDC, tout ce qui est comme ressource naturelle de la RDC, ne sera plus exploitée et exportée en brut. Exploitées, oui, transformées localement en vue de leur donner une plus-value, pour que la RDC, aussi les populations congolaises participent, bénéficient, accèdent aussi à la transition énergétique.

a-t-elle indiqué au cours de l’émission Dialogue entre Congolais, ce jeudi 6 octobre.

Cette déclaration survient après que le gouvernement congolais s’était décidé de la mise aux enchères de ses blocs pétroliers depuis les deux mois derniers, une idée qui ne sera pas consommée par plusieurs Etats de l’occident qui, en dépit des difficultés économiques causées par la guerre en Ukraine, les difficultés occasionnées par la dépendance des pays européens du gaz russe, dont la production et l’exportation ont connu une rupture depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, continuent de décourager le recourt au charbon pour sortir de la dépendance du gaz russe.

Plus tôt, les États-Unis ont donné une réaction conjoncturelle à cette décision, tout en reconnaissant à la RDC le droit d’exploiter ses ressources. Washington a proposé tout de même une autre option :

Nous reconnaissons que la RDC est une nation souveraine et qu’en fin de compte, elle a le droit de décider de ce qu’elle fait de sa terre. Cependant, ce que nous voulons aussi faire, c’est soutenir le gouvernement comme nous le faisons grâce aux fonds qui sont mis à disposition pour protéger les forêts et finalement pour aider les gens à avoir des modes de vie durable.

a estimé Alok Sharma, le Président de la dernière Conférence des parties sur le climat, COP26, à Glasgow.

Le gouvernement congolais quant à lui, réitère sa décision d’exploiter ses ressources, car n’en bénéficiant pas sous prétexte de prévention des conséquences graves sur le climat.

1972 à ces jours, ça fait 50 ans que le monde est orienté dans la lutte contre le changement climatique, donc contre le réchauffement de la planète. Mais l’Afrique n’a reçu dans son ensemble que 2% des fonds alloués au fonds climat. Et c’est quelque chose que nous sommes entrain de refuser.

a renseigné la ministre congolaise au cours de cette émission, avant de préciser que :

Notre couvert forestier ne rend pas que le service de séquestration de pollution, mais c’est aussi la maison de la biodiversité, donc l’équilibre mondial en matière de la biodiversité.

a-t-elle expliqué.

Du point de vu diplomatie environnementale dit-elle, nous sommes entrain de récupérer le leadership naturel qui était le nôtre, se rassure-t-elle répondant à une question d’un auditeur, toujours au court de cette émission, tout en précisant que « le vrai débat avec les partenaires internationaux, n’est pas de dire à la RDC, n’exploitez pas vos ressources naturelles, mais c’est plutôt pour eux par principe pollueurs payeurs de devoir appliquer leur engagement ».

La RDC a donc lancé, à l’en croire, 27 blocs et trois blocs gaziers et non vendus comme les rumeurs le font savoir. Il est donc demandé à tous les partenaires de ne pas considérer les rumeurs relatives aux six ou neuf blocs pétroliers à problème.

Si les 6 blocs poseraient problème, que ceux là viennent pour la contre expertise. La RDC a procédé à des études stratégiques pour devoir placer où nous allons exploiter.

explique-t-elle, tout en rappelant qu’en Ouganda, c’est dans le bloc albertin que l’Ouganda exploite, et que ceci ne pose pas de problème là, ça ne poserait de problème si la RDC se décide aussi d’exploiter de son côté.

Elle a aussi fait savoir en conclusion, que quand il faut parler de l’investissement, il ne s’agit pas du contrôle fait par un colon à une colonie, sachant qu’aucune convention au monde n’interdit à un pays d’émettre le CO2 pour son développement. Besoin de l’oxygène est lié au besoin du pain.

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