L’ONG américaine de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a publié, ce mardi 13 Juin 2023, un nouveau rapport sur les meurtres et viols commis par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, un an après la prise de la cité de Bunagana dans l’Est de la République démocratique du Congo, par ce mouvement rebelle.
Ce rapport retrace les faits marquants du feuilleton sécuritaire de cette partie du pays, et dénonce la main noire du gouvernement rwandais, plusieurs fois cité dans des rapports précédents, notamment de l’ONU, pour son soutien au M23. Human Rights Watch passe également en revu les failles de l’état de siège proclamé dans le Nord-Kivu et en Ituri.
Human Rights Watch dit avoir mené des entretiens avec au moins 81 victimes d’abus congolaises, leurs familles, des témoins, des autorités locales, des représentants d’organisations non gouvernementales congolaises et internationales, des représentants des Nations Unies, ainsi que des diplomates étrangers, seulement entre Mars et Mai 2023. Certains en personne et d’autres joints au téléphone. Le rapport signale 8 exécutions illégales et 14 cas de viol commis par les combattants du M23 documentés.
Alors que plusieurs mouvements citoyens et organisations des droits de l’homme notaient hier mardi, la défaillance du gouvernement en matière de défense, la complicité des forces des nations unies (Monusco) et l’échec de la mission des troupes de l’EAC déployés dans la région pour la poursuite des rebelles, HRW vise quant à elle les porte-drapeaux du mouvement ainsi que les responsables rwandais qui jouent au point d’appui.
Human Rights Watch affirme dans un article que « l’armée rwandaise a déployé des troupes dans l’est de la RD Congo pour fournir un soutien militaire direct au M23 », l’aidant à étendre son contrôle sur le territoire de Rutshuru ainsi que sur le territoire de Masisi voisin, affirmation soutenue par Clémentine de Montjoye, chercheuse au sein de la division Afrique à Human Rights Watch « Les meurtres et viols commis sans relâche par le M23 sont favorisés par le soutien militaire que les commandants rwandais apportent au groupe armé rebelle »
Clémentine de Montjoye pense que « l’Union africaine et les Nations Unies devraient intensifier leurs efforts pour aider le gouvernement congolais à mieux protéger les civils exposés au risque d’attaques », tandis que « les gouvernements étrangers qui fournissent actuellement une assistance militaire au Rwanda, poursuit-elle, devraient prendre conscience qu’ils risquent de se rendre complices des atrocités commises par les rebelles. »
L’organisation estime ainsi, que « le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait ajouter les dirigeants du M23, ainsi que les responsables rwandais qui fournissent une assistance à ce groupe armé responsable d’abus, à la liste des cibles des sanctions du Conseil.».