Une vingtaine de militants arrêtés et conduits à coup de matraque à l’ANR, c’est le bilan d’une marche pacifique du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) à Butembo dans le Nord-Kivu, ce samedi 15 octobre, réprimée par les agents de l’ordre. Une manifestation organisée à l’occasion du 8e anniversaire des massacres des civiles au Nord-Kivu.
Des banderoles et crois en bois estampés « Bye bye état de siège » et autres citations réclamant la fin de cette mesure sécuritaire exceptionnelle en Ituri et au Nord-Kivu, étaient en somme, un message non verbal lancé aux autorités sécuritaires et politiques par ces militants. Le message clairement exprimé, a pour motif, à en croire les manifestants contactés, « la persistance de l’insécurité au Nord-Kivu », malgré l’état de siège décrété depuis mai 2021, dont le seul but était, selon le gouvernement congolais, de « mettre rapidement fin à l’insécurité » dans ces provinces en proie aux tueries et aux massacres des rebelles, dont souvent identifiés comme étant des groupes armés étrangers.
La marche réprimée au niveau de l’hôpital Matanda, et n’ayant pas pu poursuivre leur manifestation jusqu’à la lecture de leur mémorandum, ils dénoncent « les actes de tortures » dont ont été victimes certains de leurs camarades.
Nous dénonçons cette atteinte grave à la liberté d’expression et appelons à la liberté immédiate et sans conditions de nos camarades.
peut-on lire dans une publication de la LUCHA RDC sur sa page Facebook.
L’objectif de cette marche était également, d’après ses organisateurs, de contester dans une déclaration qui devrait être lue devant la mairie de Butembo, la prise et l’occupation de Bunagana par les rebelles du M23 depuis plus 4 mois, les massacres en territoire de Beni et Beni ville, ainsi qu’en province de l’ituri, qui nécessitent, estiment-ils, « la fin du régime exceptionnel, l’état de siège ».
Vers la fin de l’état de siège ?
Quelques jours plus tôt, le Président Félix Tshisekedi avait reçu une délégation des Parlementaires des provinces sous état de siège, pour discuter de l’évaluation de cette mesure sécuritaire.
La source de la Présidence a rapporté dans un tweet sur le même sujet, que c’est cette table ronde en perspective « qui décidera du maintien, de la requalification ou de la levée à terme de l’état de siège en fonction du rapport de mission remis par le PM, Sama Lukonde Kyenge».
La société civile et les mouvements citoyens n’ont pas cessé quant à eux, de fustiger les failles des autorités militaires mises en places en Ituri et au Nord-Kivu.
Si les ADF et le Codeco en Ituri opèrent en montagnes russes, le M23 opère en permanence et continuent de faire la loi au Nord-Kivu. Samedi 15 octobre 2022, 124 jours après, Bunagana demeure occupée par les rebelles du M23.