25 avril 2024
Ville de Kisangani, RD Congo
Environnement

RDC : commerce illicite des espèces protégées, un danger pour la préservation de la biodiversité

Le braconnage et la contrebande, l’empoisonnement des cours d’eaux et le déboisement sauvage, détruisent la biodiversité. La question des crimes environnementaux a été abordée par plusieurs conférenciers. Les uns pointent du doigt la responsabilité de l’Etat, d’autres la communauté internationale. C’est ce qui ressort de la 2ème conférence internationale sur la biodiversité dans le Bassin du Congo, organisée à Kisangani du 6 au 10 mars 2023.

Face à l’ampleur du commerce illicite, le conférencier Adams Cassinga de Conserv Congo, a tiré la sonnette d’alarme :

La forêt n’est pas tout ce que nous avons. La forêt est tout ce que nous sommes. En trente ans de guerre en RDC, on ne pourrait pas survivre sans cette forêt.

a-t-il dit dans son exposé du dernier jour de la conférence dans l’amphithéâtre de l’Université de Kisangani.

Selon lui, la RDC est devenue la plaque tournante de la contrebande des espèces animales protégées et de leurs produits dérivés. Il s’agit des perroquets, les écailles de pangolins, les ivoires d’éléphant et les squelettes des primates.

Les braconniers d’autres pays ont trouvé un terrain facile pour la vente illicite. Il arrive que, par exemple, des pointes d’ivoires retrouvées sur le marché noir congolais proviennent de l’Afrique du Sud.

a-t-il ensuite révélé, au moment d’appeler l’Etat congolais à prendre ses responsabilités.

Ce qui a fait réagir Godefroid Mwamba de direction nationale de l’ICCN (Institut congolais de Conservation de la Nature) :

L’ICCN fait bien son travail. Les cas qui échappent à son contrôle ne sont pas un signe de faiblesse… Avec l’argent de la contrebande, les braconniers sont mieux armés que les éco-gardes de l’ICCN. Selon la loi congolaise, les éco-gardes ne peuvent que se munir de fusils du type AK47. Dire qu’ils ne font rien, c’est cracher sur leur mémoire.

Organisation de droit public, l’ICCN est chargé de la protection des aires protégées en RDC. La présence des groupes armés dans les parcs reste un des défis majeurs auquel fait face l’Etat congolais. Dans son discours inaugural, Eve Bazaiba, vice-premier ministre chargé de l’environnement et développement durable, avait accusé le M23 et le Rwanda de détruire la biodiversité du Parc des Virunga. Et Benjamin Toirambe, secrétaire général au ministère a renchéri :

La biodiversité ne se gère pas avec des conflits. S’il y a des conflits, on ne préserve pas la biodiversité.

Entraînés et équipés, les éco-gardes font l’objet des attaques armées à répétitions. En 2018, l’ICCN avait annoncé avoir perdu 75 éco-gardes suites aux attaques par des groupes armés.

Sachez qu’une quarantaine des recherches a été exposée au cours de cette conférence internationale de la biodiversité sur le Bassin du Congo, organisée par le CSB-CEBioS et financée principalement par la Coopération belge au Développement en partenariat avec la Coopération allemande, le GIZ, le jardin botanique de Meise, le Musée royal d’Afrique centrale, le Programme des Nations unies pour l’Environnement, le Fond pour l’Environnement mondial, ainsi que l’Union européenne à travers le CIFOR-ICRAF.

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