Le développement de la ville de Kisangani est l’affaire de tous. Le chef-lieu de la province de la Tshopo semble cependant loin de l’état qu’il mérite, pour s’afficher à la face du monde.
Aujourd’hui, le fameux « Kisangani ina pita bulaya », ce slogan qui vante les mérites de la ville d’espoir, ne semble être qu’une utopie. Alors, que faut-il faire en priorité pour qu’enfin Kisangani décolle ?
Voici la tribune d’Eric Abanati Gbadi, enseignant-chercheur au département des Relations internationales de l’Université de Kisangani
À l’allure des évolutions des autres villes congolaises, et de la technologie actuelle, je dois dire qu’il y a encore beaucoup de choses à faire à Kisangani. Il serait souhaitable que je structure mon intervention sur les points suivants : urbanisation de la ville, climat des affaires, culture et sécurité.
Concernant l’urbanisation
La ville de Kisangani c’était parmi les meilleures villes urbanisées de la RDC et même en Afrique. Vous allez constater qu’avec les six communes traditionnelles (Makiso, Tshopo, Mangobo, Kabondo, Lubunga et Kisangani), pendant la première République, chaque parcelle a une adresse précise et facilement retrouvable par n’importe qui.
Cette précision cadastrale malheureusement a évolué négativement avec des lotissements sans plan d’urbanisation clair. À titre d’exemple, l’événement malheureux des démolitions des maisons autour de l’aéroport de Simi-Simi. Sans plan urbanistique, les boyomais ont construit dans cet endroit interdit, malgré cette mesure administrative de démolition, cela a causé beaucoup de conséquences sur les canalisations des eaux, créant ainsi des graves inondations aujourd’hui au quartier météo et aux alentours.
L’autre situation c’est le quartier Motumbé. Ce quartier (Motumbé) le pouvoir public n’a pas été à mesure de prévoir les lieux du marché, hôpital, école et autres services publics de base. Les autres nouvelles cités créées à la périphérie de Kisangani souffrent de mêmes problèmes.
Pour ce premier point, l’aménagement du territoire devrait être la première des autres politiques publiques, parce que, c’est par elle (politique publique d’aménagement de territoire) qu’on affecte les espaces pour habitation, industrialisation, concertation, agriculture, tourisme, etc.
Cette affection permet de définir les besoins en énergies électronique et hydraulique selon les zones. Cette discipline débouche sur une bonne politique industrielle, parce qu’on connait déjà les besoins en énergies et en ressources humaines. Les besoins en ressources humaines dans le secteur industriel dicte la politique publique de l’éducation ; quel genre d’homme à former (philosophie de l’éducation). Tout ça va de soi avec l’innovation technologique et informatique.
Le climat des affaires
La ville de Kisangani faisait parler d’elle à cause de son emplacement stratégique économique, reliant les océans indien et atlantique par la Route nationale N°4. À Kinshasa on parle de Makayabu ou Madesu ya Kisangani, cette affirmation n’était pas innocente, parce que la ville jouait un grand rôle pour l’approvisionnement.
Aujourd’hui avec le très mauvais état de cette route d’une importance africaine, Kisangani n’est plus une zone d’attraction économique. Même la contre-performance de la Société Congolaise des Postes et télécommunications c’est à cause de la non modernisation de la RN4. Les bateaux pouvaient mieux faire des trafics sur le fleuve Congo s’ils ont la garantie d’avoir des marchandises de retour. Par cette route, on assisterons à l’accélération du développement des provinces du Bas Uélé, Mongala, dans une certaine mesure, Maniema, Haut Uélé et les Ubangi.
Aujourd’hui à Kisangani, les problèmes de la RN 4 ajouté à la carence en énergie électrique, la ville est devenue un désert économique sans précédent.
Culture
Sur le plan culturel, la ville de Kisangani est le bastion de la culture congolaise. Tout congolais s’est toujours senti chez lui dans ce coins de la RDC. Pour preuve, Kisangani a donné beaucoup de leader au pays (Lumumba, Gizenga, Mosengwo, et a ordonné la libération de toute la RDC sous l’AFDL au stade Lumumba).
Il y avait des meilleurs écoles parmi celles de la république à Kisangani, je peux citer : Institut du sacre coeur, le Petit séminaire de Mandombe, Institut Champagnat, ISMA, etc. qui ont donné les meilleurs cadre au pays. Ajouter à ça, l’UNAZA campus de Kisangani qui a arrosé la RDC avec des enseignants de qualité. Ces instructions aujourd’hui ont sombré à l’image du pays.
Sécurité
En ce qui concerne la sécurité, Kisangani était et demeure la ville où règne la paix. Toutefois, je déplore le cas d’insécurité créé par des jeunes sans emploi menaçant le boyomais habitués à la quiétude.
Vue la position géostratégique de cette ville, à partir de Kisangani, il est facile d’atteindre partout en RDC. C’est pourquoi, si une rébellion prend Kisangani, elle devient forte et imposera toujours à Kinshasa de faire plusieures concessions. Sur ce plan, le Gouvernement doit penser à installer une base militaire forte à Kisangani en vue de projecter la sécurité nationale.
Face à cette modeste lecture, je ne crois pas affirmer la troisième place de la ville de Kisangani. Il faut encore une réévaluation des autres paramètres.